Anthropologie et philosophie

Publié le par DEMS/MF

Enseignant(e)
Diplôme
Semestre
Horaire/Salle
D.-E. Mendes Sargo
M1 - Maîtrise - DESU
2 NC


Site


Ce séminaire propose aux étudiants une réflexion sur les fondements épistémologiques de l'anthropologie à partir d'un dialogue avec la philosophie. On suppose en effet que certains postulats de l'anthropologie peuvent être rapportés à certains philosophèmes plus ou moins explicites. Il s'agit, pour peu que le rapport à la philosophie soit entendu par les anthropologues comme une bonne rencontre et non un présupposé, de proposer aux étudiants engagés dans un processus de recherche une remontée réflexive et critique vers leurs postulats.

La philosophie moderne, depuis au moins le texte de Descartes sur Les Passions de l'âme, si ce n'est le pamphlet De La servitude volontaire de La Boétie, ouvre le premier cheminement vers l'anthropologie moderne. L'Anthropologie au point de vue pragmatique de Kant, achève ce parcours dans lequel la notion d'âme va lentement se décomposer.

L'Ethique de Spinoza en constitue aussi bien tournant qu'une singularité : non seulement la notion d'âme y est  totalement subvertie, mais elle s'incrit dans une nouvelle topique de proportionnalité avec le corps : action et passion ne peuvent plus y être pensées en raison inverse comme dans les termes traditionnels. Ni une passion de l'âme n'est une action du corps, ni une passion du corps n'est une action de l'âme. Le désir humain est alors le vecteur essentiel à partir desquels se pensent la variabilité des affects selon les individus correspondants à une situation de corps : biologique, social, politique.

La quatrième partie de l'Ethique (De la servitude humaine) et qui ferait presque écho à La Boétie, nous intéressera cette année pour sa tentative de penser la politique comme variation du désir d'un corps collectif. Prise dans les affects négatifs, elle s'articule toujours comme pouvoir (potestas). Entendue comme variation positive, elle a trait à la puissance (potentia). En sorte qu'il n'y a que deux partis : celui par lequel on entend traiter la puissance dans les conditions du pouvoir, et qui mène à toute tyrannie ancienne ou moderne, ou celui de traiter le pouvoir dans les conditions de la puissance, et c'est pour Spinoza, le parti de la raison comme celui de la liberté.

Cette discussion est de tout intérêt en anthropologie politique, dès lors qu'elle ne considère pas l'Etat comme le seul élément, ou l'élément central du politique. Les concepts qu'il faut établir pour tenir ce débat : corps humain, processus mémoriel et signifiant, désir humain, économie des affects, sont aussi utiles à tous les domaines de l'anthropologie contemporaine.

Bibliographie sommaire :
B. Spinoza, Ethique, texte bilingue (Trad. B. Pautrat), Ed. Seuil, Coll. Points.
G. Deleuze, Spinoza. Philosophie pratique. Ed. de Minuit.
HyperSpinoza, Hyper-Ethique



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