Licence, Master : une victoire attendue mais inespérée

Publié le par DEMS/MF

"Vis sans espoir ni crainte du lendemain" (Omar Khayyam)

L'attendu inespéré. C'est en ces termes que nous pourrions qualifier la décision du CA, surtout son préalable, puis ses observations.

D'autres crieraient à la victoire complète, et appelleraient aux règlements de comptes. Pas nous, car ce n'est pas notre passion. Et nous voyons bien que sans la nouvelle présidence et sans la nouvelle signature, douze personnes contre onze pouvaient encore, selon les cas, agiter le hochet de la mauvaise réputation, ou se laisser abuser par le qu'en dira-t-on. Mais enfin, personne ne contestera maintenant que notre principal péché, aux yeux des innocents, n'est pas celui de la paresse. Et que nous avons raison de prendre notre plaisir à point, après plus de trois années pendant lesquelles le charme de l'excellence voulait qu'on demande chaque jour aux autres la permission d'exister : surtout à nos détracteurs, et parmi eux, la foule de ceux qui nous lisaient pas ou si mal.

D'autres que nous encore diraient que nous devons cette décision à la chance, et ils n'auraient pas tort : encore faut-il que le pur hasard (automaton, ce qui se produit de soi) devienne fortune ou bonne encontre (tuchè), ce qui n'était possible que par désir et obstination. Car c'est le désir qui nous sauve, quand tout les gens biens voulaient nous plier à la demande, c'est-à-dire à la loi de l'offre et de la demande, c'est-à-dire encore à l'idolâtrie des autorités improvisées de la veille, à la langue de bois, à la flagornerie des puissants d'un jour.

Cette décision était attendue, parce que c'était la seule rationnelle, et que tout le monde savait que nous en avions la politique réelle, c'est-à-dire à la fois l'ascèse quotidienne, la longueur d'âme, et la générosité, ou longueur de vue.

Nous prisons donc une motion préalable, dont nous avons immédiatement remarqué qu'elle levait deux interdits, fondés sur des menteries. La première, et la plus coriace, c'était l'interdit supposé du ministère sur une licence complète d'anthropologie, quand nous voyions des licences complètes d'anthropologie se constituer à l'occasion du LMD. Que le ministère ne nous aime pas, voilà peut-être une vérité éternelle, mais est-ce une vérité "scientifique" ? Ou même "pédagogique"? La seconde menterie consistait à dire (surtout à faire dire) que nos projets excluaient d'autre collègues : un conseil entier de l'UFR 3 pourrait témoigner que le simple fait de mettre leurs noms sous toute réserve était considéré par eux comme un "faux en écriture". Notre Y (tronc commun + libre jeu des spécialités et des parcours) était considéré comme une "béquille", ce fut leur seul mot d'esprit en trois ans.

Vous savez quoi ? Ce préalable ne nous est pas une contrainte, mais l'hommage nécessaire enfin rendu à notre travail et à notre ouverture. On avait trop beau jeu de nous demander de nous mettre d'accord, au moment même ou on instillait la guerre. Et pourquoi cette guerre ? parce que c'était paraît-il, une affaire de style de sorte que nous étions réduit en style dans notre existence. Maintenant nos contradicteurs en sont remis à leur propre style : voilà une affaire dans laquelle personne ne pourra les remplacer.

Derrière l'objection de style, on allusait la corruption des mœurs. On avait la morale en sautoir. La bonne affaire ! On verra bientôt dans quelle époque vertueuse cela pouvait se proférer.

Cette motion est donc, si j'ose dire, l'inattendu de l'inespéré. Ce n'est pas un projet qui est ainsi validé, c'est une âme. Une âme qui ne se prend pas pour bonne, mais qui est seulement active.

Il y a donc une limite au trafic de la parole. On ne dira plus avec componction que la vérité n'est que ce que M. A a entendu dire à M. B. Car elle doit être plutôt recherchée dans la disjonction des désirs de MM. A et B, dans l'état relatif (constitutio) où ils se trouvent, et c'est ainsi que Spinoza arbitrait entre Pierre et Paul. Si M. A recours à la facilité de détruire, cela n'entame en rien ce fait que M. B a l'obstination de construire.

Et enfin, on dira avec moins de délices que le LMD doit être vu comme un DML : penser le pouvoir en doctorat, pour ensuite y plier les autres niveaux. Ce n'est pas notre manière : le plus bas niveau est pour nous la base de tout, nous aimons y enseigner. Et pour une raison simple : nous aimons enseigner.

Voici l'ironie de toutes ces figures de style monotones du temps qui passe et de la poursuite de vent : l'anthropologie est le meilleur vecteur du LMD.

Elle traverse intacte la foule de ses partisans et de ses détracteurs. Mais elle a payé un prix : 250 vie d'études sacrifiées au conformisme de l'excellence, aux élégances bouvard-et-pécuchet du consensus, à l'athlétisme de la soumission.

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C
alors c'était si simple ? Méfions-nous un peu quand même, should'nt we ?
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D
Simple ? Tout dépend du point de vue auquel on se place ! 3 années de Hôgra, d'intoxications diverses, de cours perturbés, de pressions de tous ordres, et la mer, dit Tacite, couverte de réfugiés ...Remarquez que vous avez raison. Rien n'est absolu, la victoire comme la défaite. Cf. plus bas : <br /> Qui perd gagne et inversement
L
Quand la guère s' arrette un tout petit peu....cést beau un peu de paix...parce que il faut qu'on travaille...
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